1- l'aventure minière 1967-1985

 

LA MINE DE TUNGSTENE : UNE AUTRE AVENTURE INDUSTRIELLE DES 20 DERNIERES ANNEES.

 

Dans les premiers numéros de Vent du Port, nous avions relaté l’aventure industrielle du bois, qui s’est déroulée au début du siècle. Quelques cinquante ans plus tard après une période de léthargie, Salau retrouve une activité industrielle intense grâce à la découverte d’un gisement de tungstène sur le site d’Anglade. Pour cet historique, nous nous sommes appuyés sur le document réalisé par Mr Thumerel Jean Charles, ancien ingénieur, Chef du service Mine à la SMA.

C’est au cours d’une prospection systématique des Pyrénées que le Bureau de Recherches géologiques et minières a découvert en 1960 les premiers indices de surface du gisement. En 1962 et en 1963 des sondages carottés sont réalisés et font apparaître des teneurs en scheelite élevées (rappelons qu’il existe deux sortes de minerais de tungstène ; le wolfram et la scheelite.

En 1964 le BRGM associe deux groupes privés (Omnimines et Compagnie Métallurgique et minières) à ses recherches en constituant un syndicat de recherche. Le travail de celui-ci consiste à certifier les réserves géologiques, en garantir l’exploitabilité, doubler le potentiel de minerai en explorant à une plus grande profondeur. A cet effet sont réalisés :

 

-       410 mètres de galeries

-       800 mètres de sondages carottés fond

-       900 mètres de sondages percutants

-       2000 analyses de sédiments

-       étude pétrographique détaillée

-       étude de valorisation

-       essais semi-industriels

-       études statistiques et économiques.

 

 

Exploitation du gisement :

L ensemble de ces travaux confirme le tonnage de 580 000 tonnes de minerai à une teneur de 1,20 et en démontre l’exploitabilité.

La décision est prise en 1967. Le 3 octobre 1967, la Société Minière d’Anglade (SMA) est constituée sous forme de S. A. au capital de 6 000 000 Frs.

A quoi sert le tungstène ?

Pur ou allié, il est utilisé principalement dans :

-       Les électrodes de tubes électroniques

-       les anodes de tubes de radiographie

-       les contacts de rupteurs d’allumage de bougies

-       les buses de chalumeau à plasma

-       les éléments chauffants de fours sous vide

-       les cols de moteurs-fusées

-       les cathodes de lampes fluorescentes

-       les éléments de turbines à gaz

-       Quant au carbure de tungstène obtenu en chauffant à 1500°C le mélange de poudre de tungstène et de noir de fumée. Il remplace les aciers au tungstène à l’extrémité des outils de coupe. Il est surtout utilisé pour :

-       les machines pour le travail des métaux : tranchants pour machines outils, matrices, filières, outils pour perçage, découpage, laminage, formage à chaud

 

-       les machines et matériel de construction et d’extraction : forêts pour perçage des roches, machines et outils de mine et de terrassement, forêts et perceuses à percussion et à rotation, pièces anti-usures, revêtements

-       matériel de transport : clous de pneumatiques

-       divers : billes de stylo

 

Les grands travaux sur le site:

De 1967 à 1970, les travaux débutent par la mise en place d’une infrastructure importante et les premières familles viennent s’installer sur le village. Une route de 4,5 kilomètres est construite pour relier le village de Salau au carreau de la mine. Trois kilomètres de ligne électrique amenant 2000 kva en 3000 volts sont installés. Il y eut en outre :

- le creusement, l’aménagement d’une laverie souterraine dans une salle de 70 mètres de long, sur 14 mètres de large et 16 mètres de hauteur à la cote 1230m.

-   le creusement, l’aménagement et l’équipement d’une installation souterraine de concassage dans une salle de 4000m3 à la côte 1303m, soit 73 mètres au dessus de la laveries à laquelle elle est reliée par une cheminée verticale servant de trémie de stockage.

-       le creusement et l’équipement de deux puits équipés d’ascenseurs et reliés entre eux par une galerie de 420 mètres à la côte 1320 m pour l’accès du personnel au gisement : un puits vertical de 1230 m à 1320m et un puits incliné de 1320m à 1430 m.

-       le creusement d’un accumulateur général depuis la côte 1320m jusqu’au jour à la côte 1540m, destiné à collecter le minerai extrait à tous niveaux.

-       l’aménagement du carreau à 1230 mètres réalisé sur les déblais extraits en excavant la laverie. Y sont installés :

-       l’atelier de séchage et de séparation magnétique des concentrés de gravimétrie

-       les bureaux

-       le laboratoire d’analyses

-       le magasin

-       l’atelier mécanique jour et compte tenu de la proximité d’un couloir d’avalanches une digue paravalanches en gabions.

Les travaux au village :

 

Au lieu dit la « Ile » (immense champ de marguerites et de coquelicots, sur lequel avait déjà été élevée au début du siècle la station d’arrivée du bois de Bonabé) sont construits 68 appartements dans quatre grands blocs portant les noms de montagnes : Fonta, Marterat, Cagire, pour les ouvriers et 8 châlets pour les cadres. Ce sont aujourd’hui les résidences d’Anglade à usage secondaire.

Le rapport de l’ingénieur relate que la Société a pris une part substantielle au financement de trois relais de télévision permettant d’apporter les images télé depuis le Pic du Midi. Mais à part ca ?

Avec le recul, il ne semble pas que la mine ait constitué une manne financière pour la commune. On ne voit pas d’améliorations substantielles dans les infrastructures, ni dans les bâtiments communaux, par contre sur le plan humain et social cette expérience fût d’une richesse exemplaire. Hommes et femmes du Nord de la France, (« chtimis »), de Lorraine, Normands, Bretons, Pieds Noirs , Marocains, et quelques ariégeois cohabitèrent en bonne intelligence pendant près de quinze ans dans ce village du bout du monde. Cultures et identités différentes se cotoyèrent, accents et expressions différentes s’entremêlèrent pour le « vivre ensemble », ce qui semble difficile par les temps qui courent.

Le village connut une animation sans précédent, le foyer des jeunes proposait des activités diverses: gymnastique, danse, judo, ping-pong, etc.. les fêtes locales étaient remarquables et les concours de pétanque nombreux. Une épicerie/coopérative s’installa et même un kiosque à journaux. L’école refit son ouverture avec deux classes ainsi q’une maternelle et un bus de ramassage transportait chaque jour les collégiens jusqu’à Seix.


 

LA CONSTRUCTION DE LA ROUTE MINIERE LIEU DIT COULADOUS

plan de coupe
plan de coupe

2- les grands travaux et la vie au village

3- la fermeture de la mine et les luttes

4- Retrouvailles 25 ans après (Salau 2009)